Hubert Barrion
Mice - Eléments pour une performance, un jour peut-être.
« On croyait en Égypte que quand les souris dansaient ou sifflaient, c’était le signe précurseur d’une tempête. Quand elles rongeaient des objets de culte, c’était le signe que le destin s’apprêtait à frapper d’une façon imminente. » Michel Cazenave, Encyclopédie des symboles.
Des sortes de culottes en couvertures douces et poilues.
En bas : des bottes de souris bottées.
Gardes champêtre du siècle d’avant avec une bannière rouge.
On remonte en haut : des masques de souris.
Peut-être pas très bien réalisés, ou alors par des enfants.
C’est qu’ils seront beaux, fragiles et maladroits - c’est ce que je voulais dire.
Souris Une et Un battent les tambours sans jamais vraiment réussir à caler les rythmes ensembles.
Cela donne une sorte de fanfare militaire de soldats ivres.
La lumière est crue, nue et rouge.
Souris Une et Un sont inondés de sang, cela ressemble à l’éclairage d’une boucherie qui triche sur la couleur de la viande.
Un vinyle tourne très lentement à l’envers. Peut-être trois fois moins vite qu’un 33 tours. C’est L’Apocalypse des animaux de Vangelis. Cette musique est très mélancolique et envoûtante.
Une grande croix christique (très grande), en gruyère de bois, tombe du ciel sur le plancher.
Souris Un tranche les parts de fromage à la tronçonneuse.
Pendant que Souris Une enchaîne des accords sombres et dissonants sur un vieux synthétiseur.
Un beat extrêmement lent naît pendant ce chaos.
Une tapette géante claque sur la jambe de Souris Un.
Ce qui ne lui fera pas de mal, bien au contraire… Tapette-béquille : très utile pour toujours tenir debout.
Les écuelles de lait géantes.
Souris Un et Une lapent à même la bassine en essayant de se parler (de crier) en même temps.
Elles s’étouffent à moitié, toussent et geignent et rient dans les bassines.
Tout est amplifié par des micros-contacts. Le beat très lourd et très lent ne s’est jamais arrêté.
S’il veut ou si elle veut, Souris Un ou Souris Une peuvent venir en devant de scène et déposer doucement leur tambour au sol.
Il faudra rester sans bouger en fixant le public avec intensité (s’il y a un public).
La Souris libre mettra le vinyle d’Henry Purcell, et précisément le morceau The cold song.
Ce ne sera pas si simple pour Souris Un ou Une. Quand les larmes commenceront à pointer. Juste sous les paupières. Les amours perdues ne se retrouvant jamais. Même sous un masque de souris.
Souris Un se relève très lentement et ramène Souris Une en coulisse en la tirant par la queue.
ça n’empêche pas Souris Une de continuer à jouer du saxophone en glissant sur le dos.
Souris Un finit de raconter un de ses rêves. Il essaie de parler en français et en russe sans vraiment y arriver.